Difficulté d’accès aux soins des personnes en situation de handicap

 


Voir la vidéo Pédiatre à l’hôpital Necker :  » Nos enfants sont en danger « 

« Le 22 décembre 2019, Lou, 11 ans, IMC, est morte à cause de la négligence de certains médecins. »

« Lou était courageuse, vive, déterminée. Scolarisée en milieu ordinaire, elle faisait face, avec beaucoup de dignité, aux discriminations, aux maladresses d’une société qui n’est pas à l’aise face au handicap… Jusqu’au 22 décembre 2019, où elle est décédée au sein du service de réanimation de l’hôpital Necker, à Paris. » Deux mois après son décès, sa mère, Stéphanie, témoigne des « dysfonctionnements médicaux » qui ont emporté sa fille de 11 ans. « Un second loupé médical, après un retard de diagnostic à la naissance, qui aurait pu contribuer à une infirmité motrice cérébrale, condamnant Lou à se déplacer en fauteuil roulant. »

10/10 sur l’échelle de la douleur

Le 6 décembre, Lou est prise de douloureux maux de ventre, vomit et a 38 de fièvre. « J’ai d’abord pensé à une gastro et l’ai gardée à la maison », se souvient sa mère. Mais, deux jours plus tard, la douleur est toujours aussi intense. « J’appelle SOS médecin qui, songeant à une colique néphrétique, recommande de faire une radio de l’abdomen aux urgences », explique-t-elle. A 14h30, elles arrivent aux urgences pédiatriques de l’hôpital Necker, à Paris. Le début du « calvaire »… Lou se tord de douleur et évalue son intensité à 10/10. Elle devra pourtant patienter plus de trois heures en salle d’attente. Pendant ce laps de temps, « j’ai essayé plusieurs fois d’attirer l’attention du personnel sur sa souffrance. En vain. De jeunes patients, arrivés après elle, étaient pris en charge avant. Pourquoi ? », questionne sa mère. « Lou est enfin examinée mais le praticien se limite à une simple palpation de l’abdomen, une auscultation de son cœur et de sa gorge et conclut à une angine virale. Pas de prise de tension, pas d’imagerie, ni même de prise de sang, malgré mes sollicitations, poursuit-elle. Nous rentrons chez nous avec une prescription pour du Doliprane. »

Prise en charge tardive

Le lendemain, même combat. Après cinq heures d’attente « sans prise en charge de sa douleur », Lou effectue notamment une échographie abdominale, une radio du thorax et une analyse urinaire. Verdict : « Quelque chose bloque dans le colon ». Après un lavement, la jeune fille est renvoyée chez elle sans examen complémentaire. Leitmotiv : « Il y a trop de monde aux urgences ». « Désemparée face à l’indifférence de l’hôpital public », Stéphanie tente sa chance dans le privé. « Je prends rendez-vous en urgence avec notre pédiatre, en ville, qui fait confiance à Necker, hôpital de référence », relate-t-elle. C’est finalement une échographiste qui donne l’alerte : « Lou fait une péritonite (une inflammation abdominale, ndlr), il faut l’emmener aux urgences, et vite ! ». Trois jours après sa première consultation à Necker, Lou est enfin admise en chirurgie viscérale. « Prise en charge à midi, elle est alitée, avec une sédation qui ne la soulage même plus et doit encore attendre cinq heures pour passer un scanner », poursuit sa mère. A 18 heures, elle entre au bloc. Le diagnostic tombe trois heures plus tard : gangrène de l’intestin grêle. « Plongée dans un sommeil artificiel, elle reste cinq jours ventre ouvert, sédatée, et est opérée encore deux fois malgré une septicémie », souligne Stéphanie. Selon elle, « les chirurgiens n’ont pas pu la sauver car elle a été prise en charge trop tard. Lou aurait fait une dissection aortique entraînant une torsion intestinale qui n’a pas été diagnostiquée à temps. »……………