Troubles musculo-squelettiques dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale : mieux connaître les facteurs de risque pour mieux les prévenir, 1er mars 2022

Santé publique France publie les résultats d’une étude sur l’exposition des salariés du secteur de la santé humaine et de l’action sociale à certains facteurs de risque de troubles musculo-squelettiques, et encourage les préventeurs en milieu professionnel à orienter les actions de prévention auprès de ces populations particulièrement touchés par cette problématique.

Le secteur de la santé humaine et de l’action sociale (SHAS), qui recouvre l’ensemble des activités pour la santé humaine, de l’hébergement social et médico-social et de l’action sociale sans hébergement, est particulièrement touché par les troubles musculo-squelettiques (TMS). Ils représentent plus de 90 % des maladies professionnelles déclarées dans ce secteur, et jusqu’à 96 % dans le sous-secteur de l’action sociale sans hébergement1.
Dans ce contexte, Santé publique France a étudié les expositions des salariés de la SHAS à certains facteurs de risque de TMS, en collaboration avec l’équipe Ester (Université d’Angers – lnserm-lrset). Les prévalences des expositions professionnelles aux contraintes biomécaniques, psychosociales et organisationnelles ainsi que la prévalence des co-expositions aux différents types de contraintes, ont été décrites pour les différents sous-secteurs de la SHAS, à partir des données de l’enquête Sumer (édition 2016-2017).

Les troubles musculo-squelettiques en France

Les troubles musculo-squelettiques représentent la 1re cause de maladies professionnelles indemnisées avec 88 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général : 44 492 cas en 20192.

Les chiffres-clés des troubles musculo-squelettiques
Troubles musculo-squelettiques - Infographie chiffres clés

Quels sont les résultats clés de l’étude et que montrent-ils ?

  • Les salariés de l’ensemble du secteur de la SHAS (2927 salariés interrogés) étaient plus exposés aux contraintes biomécaniques et psychosociales que les salariés des autres secteurs, mais moins exposés aux contraintes de rythme de travail. Néanmoins, il existait de fortes disparités d’exposition à ces contraintes en fonction des sous-secteurs d’activité.
  • Les salariés de la SHAS étaient significativement plus souvent exposés à deux facteurs de risque biomécaniques de lombalgie que les salariés des autres secteurs d’activité. Ils étaient par contre moins fréquemment exposés à trois facteurs de risque de TMS du membre supérieur et à l’adoption d’une position forcée des articulations ou de la position à genou.
  • Les salariés des sous-secteurs de l’hébergement social pour personnes âgées ou handicapées physique et de l’hébergement médicalisé étaient les plus exposés aux contraintes biomécaniques. Ils étaient particulièrement exposés à la position debout ou au piétinement, ainsi qu’au déplacement à pied dans le travail, et de façon moindre à la position en torsion ou accroupie.
  • Le « job strain » (correspondant à une forte demande psychologique combinée à une faible latitude décisionnelle) touchait surtout les salariés des sous-secteurs de l’hébergement médicalisé, ceux des autres activités d’hébergement social, ainsi que des activités des médecins spécialistes ou encore des activités hospitalières.
  • Les salariés des petits établissements étaient moins exposés aux contraintes biomécaniques, de rythme de travail et psychosociales que ceux des établissements de 500 salariés et plus (principalement des hôpitaux et cliniques).
  • Les personnes en contrats précaires (CDD/intérim) étaient moins exposées aux contraintes de rythme de travail et psychosociales que les personnes en CDI.

Quels enseignements peut-on en tirer de cette étude ?

Ces travaux, qui complètent la description des TMS identifiés comme maladies à caractère professionnel dans ce secteur d’activité3, encouragent les préventeurs en milieu professionnel à orienter les actions de prévention notamment vers les salariés des sous-secteurs de l’hébergement médicalisé, des autres activités pour la santé humaine (comprenant principalement les activités pour la santé humaine non exercées dans des hôpitaux ou par des médecins ou dentistes), de l’action sociale pour personnes âgées ou handicapées (avec ou sans hébergement), de l’activité des médecins spécialistes ainsi que des activités hospitalières.

Dans la continuité de ces travaux, Santé publique France poursuit d’ores et déjà ces études d’expositions aux facteurs de risque de TMS dans le secteur du BTP, autre secteur particulièrement touché pour les TMS.

A télécharger

Mieux connaître les facteurs de risque de troubles musculo-squelettiques chez les salariés de la santé humaine et de l’action sociale, …

En savoir plus

Les missions de Santé publique France en matière de surveillance et de prévention des troubles musculo-squelettiques

  • Surveiller les troubles musculo-squelettiques et leur évolution
  • Surveiller les expositions professionnelles aux facteurs de risque de TMS et leur évolution pour permettre d’adapter les mesures préventives
  • Surveiller l’impact des TMS sur l’itinéraire professionnel et la qualité de vie et son évolution
  • Transférer les connaissances épidémiologiques vers des actions de prévention

1 Cnam – Direction des risques professionnels. Livret statistique de la sinistralité AT/MP 2018 du CTN I – Activités de services II [Internet]. Paris: Cnam – Direction des risques professionnels; 2019 [cité 10 févr 2021] p. 73. Report No.: 2019‑206.
2 Cnam. Rapport annuel 2019 [Internet]. Paris: L’Assurance Maladie – Risques Professionnels; 2020 p. 168.
3 Robert M, Delézire P, Homère J, Garras L, Fernet F, Boulanger G. Surveillance des maladies à caractères professionnelles. Le secteur de la santé humaine et de l’action sociale en France. 2021. 18p. Saint-Maurice: Santé publique France.