MDPH : un plan sur deux ans pour réduire les délais d’attente

Le gouvernement a présenté un plan pour améliorer le fonctionnement des MDPH d’ici 2022. Avec deux priorités majeures : réduire les délais de réponse, aujourd’hui supérieurs à quatre mois en moyenne, et accélérer l’attribution des droits à vie. 

Combien de temps votre MDPH met-elle pour traiter une demande ? Et accorde-t-elle beaucoup de droits à vie ? L’heure des comptes a sonné pour les Maisons départementales des personnes handicapées. Elles sont désormais tenues de rendre publics différents indicateurs sur le site de la CNSA.

Les Marseillais, par exemple, seront agréablement surpris de voir que le délai de traitement est plutôt satisfaisant : 2,5 mois pour l’allocation adulte handicapé (AAH). Par contre, leur MDPH est réticente sur les droits à vie. Elle ne les a accordés qu’à 19 % des demandeurs d’AAH ayant un taux d’incapacité de 80 %.

Les droits à vie, c’est possible pour l’AAH, l’AEEH, la CMI…

La publication de ce baromètre est l’un des 38 projets de la feuille de route MDPH 2022 présentée jeudi 15 octobre par Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

L’objectif, d’ici deux ans, est d’optimiser le fonctionnement de ces guichets uniques. Avec deux enjeux majeurs. D’abord, maîtriser les délais de traitement des droits : les MDPH sont légalement tenues de répondre sous quatre mois mais toutes n’y parviennent pas, loin de là.

Ensuite, accélérer l’attribution des droits à vie. Des décrets la rendent possible pour l’AAH, l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (l’AEEH, jusqu’à 20 ans) ou bien encore la carte mobilité inclusion (CMI). Mais certaines MDPH tardent à s’en emparer.

Un effort financier conséquent

Pour y parvenir, le gouvernement va mettre 25 millions d’euros sur la table. Un effort non négligeable, car la dotation annuelle de l’État aux MDPH avoisine 75 M€. La CNSA va renforcer l’accompagnement des maisons en ayant le plus besoin. Dix de ces 25 millions seront spécialement consacrés au rattrapage des retards les plus importants.

ar ailleurs, l’informatisation des procédures, communes à toutes les MDPH, va se poursuivre. Les personnes en situation de handicap pourront prochainement, si elles le souhaitent, déposer leur demande en ligne, ce qui permettra un gain de temps pour les agents.

De plus, Sophie Cluzel promet « d’adapter les droits et les parcours aux besoins des personnes ». En révisant le financement des aides techniques. En offrant une meilleure connaissance des places disponibles en établissements et en services, grâce à un nouvel outil.

Elle souhaite aussi améliorer la prestation de compensation du handicap (PCH), à la marge. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021 prévoit ainsi un budget de 200 millions d’euros pour les besoins d’aides des parents en situation de handicap, qui ne sont jusqu’alors pas pris en compte.

Les délais ne sont pas le seul problème à régler

La conseillère nationale compensation d’APF France handicap se félicite du lancement du chantier MDPH 2022. Mais elle ne voudrait pas que la question des délais, mise au centre par Sophie Cluzel, n’éclipse les autres sujets. « La qualité des réponses apportées aux personnes est tout aussi importante, plaide Malika Boubékeur. Elles doivent être individualisées et adaptées à leur situation. »

Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Les plans personnalisés de compensation sont souvent insuffisants. Pas assez d’heures d’aide humaine, restes à charge financiers trop importants, besoins non couverts, etc. Améliorer le fonctionnement des MDPH, c’est essentiel… mais cela ne suffit pas si les prestations qu’elles attribuent ne sont pas à la hauteur.

Une grande enquête de satisfaction

La CNSA a lancé une enquête nationale de satisfaction sur les MDPH. Pour y participer, cliquez sur ce lien. Faire-face.fr avait rendu compte des résultats de la précédente : MDPH, les personnes handicapées en ont marre d’attendre.